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Actions et positions soutenues par l’association

Contributions aux enquêtes publiques

En tant que naturaliste, botaniste, Christian Conrad contribue aux enquêtes publiques en donnant son expertise, grâce à ses connaissances scientifiques et son expérience du terrain.

Du 14 novembre au 7 décembre 2024 : Contribution à l’enquête publique du  Projet de Plan national d’actions 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage.

AVIS DÉFAVORABLE au PNA 2024-2029 sur le Loup et les activités d’élevage.
Le projet de PNA ne prend pas en compte les constats positifs de celui-ci, notamment les bénéfices avérés de la présence du loup sur les écosystèmes et les milieux. Les observateurs des milieux s’accordent désormais à dire que l’absence de grand prédateur (en dehors de l’homme) est une source de déséquilibre dans les milieux naturels. Le loup a donc toute sa place sur le territoire français et européen à ce titre.  Je cite ici pour appuyer mon commentaire la phrase concluant le rapport du CNPN sur le projet PNA Loup : « C’est, pour le cas présent, un signal négatif fort de la place que notre pays accorde aux grands prédateurs au moment de l’adoption de la nouvelle stratégie pour la biodiversité. » Le déclassement de Canis lupus, d’espèce strictement protégée est une démarche contraire à l’objectif d’assurer le bon état de conservation de l’espèce. Le projet de PNA menace la survie de l’espèce sur le territoire national, ainsi que le projet d’arrêté préfectoral assouplissant les conditions de tirs sur les loups. La politique de l’Etat vis-à-vis du Loup sur le territoire est donc en totale opposition avec le principe de préservation de la biodiversité.  Le PNA Loup 2024-2029 est lacunaire : il ne présente pas clairement les actions, leur pilote, le calendrier de mise en œuvre, les financements… notamment sur le statut du chien de protection.  Le Conseil National de Protection de la Nature(CNPN), instance scientifique indépendante consultée dans le cadre de l’élaboration de ce PNA, a produit un avis négatif qui met en avant la plupart des points énumérés ci-dessus, sans que le gouvernement n’en tire la moindre conclusion ni ne modifie ce projet de plan. L’Etat, présent à la dernière COP Biodiversité, doit respecter ses engagements auprès des citoyens, mais surtout auprès de la première concernée : la biodiversité dans son ensemble. Le PNA Loup 2024-2029 ne peut être maintenu en l’état. Les objections du CNPN doivent être prises en compte et le projet retravaillé avec tous les acteurs.

Beaucoup d’éleveurs refusent soit le gardiennage de leurs troupeaux ou les protections subventionnées par l’état. Dans le rapport du CGEED et du CGAAER paru en mai 2019 sur « la comparaison européenne dans le cadre du plan national d’action 2018/2023, il est écrit « Il n’existe pas de solution technique unique qui garantisse l’absence de dommages, mais une palette de moyens à étudier, moduler et adapter en fonction des contextes. Tous les pays reconnaissent que les mesures de protection sont nécessaires, mais n’assureront jamais une protection à 100 % des troupeaux. Le triptyque clôtures/chiens de protection/ bergers est connu de l’ensemble des pays, mais l’ordre d’importance accordée à chacun d’eux, le soutien financier, comme le soutien technique à la conception de la mise en œuvre effective, est très variable d’un pays à l’autre.  La mission a également noté qu’aucun des pays visités ne fait du gardiennage une mesure de protection fondamentale et soutenue financièrement
En Espagne où la population de loups est supérieure à celle de la France, le binôme clôture, chiens de protections fonctionne très bien avec un taux de protection de 95%. Dans l’hexagone très souvent, le nombre de chiens n’est pas suffisant pour la quantité qu’ils ont  à protéger.  Dans le département du Tarn, un éleveur se plaignait d’attaques régulières sur son troupeau de trois cents brebis et de l’inefficacité de son seul Patou. Dans une situation équivalente, un chien de protection de n’importe quelle race sera mis en échec par les loups. En France, nous avons une autre culture, en comparaison de celles de nos voisins italiens, espagnols, suisses ou allemands etc. On éradique ; le Lynx, le Loup, l’Ours, les rapaces etc. J’ai le sentiment qu’il est souvent plus simple de se débarrasser de ce qui gêne plutôt que de chercher des solutions pour limiter grandement l’impact des prédateurs (du loup, de l’ours sur les troupeaux).

En conclusion l’état met en place un programme de restauration de la biodiversité, n’y a-t-il pas là une énorme incohérence?

Christian Conrad

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L’Union Européenne se loupe

Le loup gris (Canis lupus), autrefois largement persécuté et réduit à de petites populations fragmentées en Europe, a vu son statut considérablement renforcé grâce à la Directive Habitats de 1992. Cette législation européenne classe le loup parmi les espèces « strictement protégées » (Annexe IV), lui interdisant toute forme de capture, de chasse ou de perturbation intentionnelle dans la plupart des États membres.

Cette protection a permis un retour progressif de l’espèce dans plusieurs régions, contribuant à la restauration des écosystèmes forestiers grâce à son rôle clé dans la régulation des populations d’herbivores. Cependant, ce retour reste fragile : six des neuf populations de loups en Europe sont encore classées comme vulnérables ou quasi menacées par l’UICN. En 2023, sous la pression de certains États membres et groupes d’intérêt  (agriculture élevage chasseurs), une révision controversée de ce statut a été initiée, visant à transférer le loup à l’Annexe V de la directive, qui permet une gestion plus flexible et autorise notamment des tirs létaux. Depuis des lustres des pays comme l’Italie, l’Espagne… ont protégé intégralement le loup. Les éleveurs ovins, bovins ont mis en place des protections, clôtures, chiens adaptés à la protection des bêtes.

VIDEO DE LA REVUE SALAMANDRE

Cohabiter avec le loup  le travail des éleveurs italiens dans la région des Abruzzes