Article du 25 janvier 2023 rédigé par Christian Conrad, botaniste et naturaliste
Dérèglement climatique, érosion de la biodiversité, les années passent rien n’est fait…
En 2008, nous étions quelques-uns à nous poser la question, que faire face au déclin de la biodiversité ? Nous étions conscients que nous ne solutionnerons pas ce problème dans son ensemble mais nous voulions intervenir à une autre échelle. Nous avions un projet, celui d’une démarche pédagogique : faire connaître les éléments qui composent la nature pour mieux protéger le vivant, humains compris, nous partions du principe que la connaissance permettrait de mieux la protéger. A suivi la création de l’association en 2009. Notre réflexion vient d’un principe fondamental cité par Aristote « La nature ne fait rien en vain » autrement dit « la nature ne fait rien d’inutile ». Notre démarche, informer le public que chaque élément du vivant a un rôle important dans le fonctionnement de la biodiversité. Là est la base de la vie, sans toutes ces interactions entre les espèces, les écosystèmes, nous ne serions pas là, on ne pourrait pas maintenir la vie sur terre. Nous serions privés de tout ce qui nous permet d’exister, pas de nourriture, pas d’eau etc.
Depuis notre création la situation ne s’est pas améliorée, bien au contraire…
En ce début d’année 2023, chacun, chacune devrait prendre conscience de l’urgence d’agir face au dérèglement climatique et au déclin de la biodiversité parce que ces deux crises sont fortement liées pour la survie de l’humanité. Il ne nous reste que quelques années pour agir, nous tous, nous pouvons agir en changeant de comportement et de mode de vie.
Le déclin… une réalité…
Une perte de biodiversité unanimement constatée et qui s’accélère
Dans son évaluation mondiale de l’état de la biodiversité, approuvée lors de sa 7ème session plénière à Paris, en mai 2019, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a dressé un constat alarmant, alertant sur le fait que « la nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et [que] le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier ». La communauté scientifique évoque aujourd’hui une « sixième extinction » de la biodiversité malgré les actions entreprises pour enrayer ce déclin ; mais les actions ne sont pas à la hauteur de la tâche, en France et dans le monde.
Un déclin aux causes multiples, quoique principalement généré par l’action des humains
Comme pour le dérèglement climatique, la responsabilité de l’humain dans le déclin de la biodiversité est établie. Si l’être humain ne représente que 0,1 ‰ de l’ensemble de la biomasse terrestre et 3 % de la biomasse animale, mais 8 fois plus que l’ensemble des mammifères sauvages, son impact sur la nature est démesuré et s’accélère dangereusement. Ce déclin résulte principalement des conséquences incontrôlées de nos modes d’exploitation de l’espace, de certaines pratiques agricoles, des révolutions industrielles et technologiques, mais aussi de la mondialisation des échanges. Par ailleurs, les causes du déclin de la biodiversité et celles du dérèglement climatique sont souvent liées, voire identiques. Récemment, les évaluations des écosystèmes et des services écosystémiques ont ainsi identifié 5 grands types de pressions humaines comme causes principales de la dégradation de la biodiversité : le changement d’usage des terres, des océans et des mers, les pollutions, la surexploitation des ressources naturelles, le dérèglement climatique et l’introduction d’agents pathogènes ou invasifs.
Ces pressions entraînent ensemble : un appauvrissement de la diversité des écosystèmes et leur régression généralisée, un effondrement des populations de la faune, de la flore et de la fonge (champignons), une baisse de la richesse spécifique des écosystèmes, de leurs interactions la perte de services écosystémiques et de résilience, ce qui confronte notre société à de nouveaux risques.
Les COP le grand cirque médiatique
La COP 27 qui s’est tenue en novembre 2022 en Egypte, officialise le reniement des engagements pris au cours de la COP 21 à Paris : Nous tendons, désormais, vers un réchauffement de 2,7°C au lieu des 1,5°C prévus par l’accord de Paris. L’agence Internationale de l’Energie (AIE) alerte : « Non seulement l’investissement dans les énergies propres place le monde loin du chemin de la neutralité carbone en milieu de siècle, mais il ne parvient pas non plus à prévenir un nouveau record d’émissions ». Le Secrétaire Général de l’ONU constate que l’état actuel des engagements climatiques nous conduit à une augmentation de 16% en 2030 des émissions de gaz à effet de serre alors que pour respecter les accords de paris de 2015, il faudrait les avoir réduits de 40%.
Décembre 2022 COP 15 Biodiversité
A en croire une certaine presse, l’accord de Montréal sur la biodiversité mérite le qualificatif « d’historique ». On peut se remémorer l’accord de Paris en 2015, à l’époque la presse était dithyrambique « un succès inespéré » 8 ans après où en est-on ? Le bilan est quasi nul … ! Les scientifiques alertent : « d’un rythme actuel d’extinction au moins dix à cent fois plus élevé que la moyenne des dernières dix millions ». La protection de la biodiversité est une condition incontournable pour notre survie sur terre, au même titre que la régulation du climat, une urgence absolue. On voit mal comment on pourrait la préserver dans un contexte de forêts qui brûlent, de cours d’eau qui s’assèchent, d’océans qui s’acidifient, de bétonnisation des sols, de surpêche, etc. Le réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité ne peuvent être dissociés dans la lutte pour la survie du vivant.
« Aux problèmes urgents de la planète, la communauté internationale ne sait que palabrer et signer des accords non-opérants. Cette COP sur la biodiversité qui vient de s’achever en offre encore la démonstration » Pierre SASSIER scientifique.
Christian Conrad, Naturaliste